Ce qui n’était qu’une rumeur depuis quelques semaines est maintenant officiel : Microchip rachète Atmel.
Je répète, pour éviter toute confusion : Microchip rachète Atmel… Pour 3.56 milliards de dollars…
Atmel, fondé en 1984 et basé en Californie, c’est un des très rares fabricants de micro-contrôleurs présents sur la planète. Le plus connu, le ATmega328, n’est autre que le coeur de l’incontournable Arduino, mais c’est loin d’être le seul. La ligne de micro-contrôleurs de type AVR compte plusieurs dizaines de modèles, du plus petit au plus puissant. Mais Atmel produit également une quantité d’autres composants, du capteur de température à la puce mémoire flash.
Microchip, fondé en 1989 et basé en Arizona, est également mondialement connu notamment pour sa ligne de micro-contrôleurs PIC (PIC16/24/32), mais fabrique également de multiples autres produits, du composant de gestion de batterie au transpondeur sans fil.
Il y de très fortes chances que vous trouviez un composant Atmel ou Microchip dans un appareil se trouvant à moins de 3 mêtres de votre position actuelle : smartphone, TV, radio-réveil, grille-pain, bidule connecté, etc…
Le troisième fabricant de micro-contrôleurs de ce genre est Texas Instruments, avec sa série MSP430, mais est nettement moins utilisé que les 2 autres. C’est tout, il n’en existe pas d’autre… La « disparition » de l’un des 3 acteurs n’est donc pas une très bonne nouvelle.
Jusqu’ici, une guerre opposait les utilisateurs de PIC et les utilisateurs de AVR, chacun vantant les avantages de sa ligne de micro-contrôleurs de choix. Il est impossible de dire lequel est le meilleur, mais il est clair que les produits Atmel sont un peu plus faciles à utiliser, alors que ceux de Microchip sont un tout petit peu moins cher (à composant équivalent).
Un point important pour nous makers, cependant : les logiciels de développement de chez Microchip trainent une sale réputation d’usines à gaz, et les licences de leurs logiciels performants coûtent extrèmement cher : 455$ pour le logiciel de développement MPLAB X (le dirigeant de Microchip ayant dit un jour ne pas vouloir offrir de compilateur performant / optimisé gratuitement)… De l’autre coté, Atmel utilise des compilateurs open-source (AVR-GCC) ou gratuits et performants comme Atmel Studio, et leurs documentations sont proches de la perfection… De mon point de vue, Atmel est donc bien plus « developper-friendly ».
Microchip est dans une phase relativement agressive de son expansion : avant d’avoir racheté Atmel pour 3.56 M$ en 2016, ils avaient racheté le fabricant de composants Micrel en 2015 pour 839 millions, Supertex en 2014 pour 384 millions, et le fabricant belge EqcoLogic en 2013 pour un montant inconnu.
Mais ils ne sont pas les seuls : rien qu’en 2015, Intel a racheté Altera (16.7 milliards), Avago a racheté Broadcom (37 milliards), On-Semiconductors a racheté Fairchild (2.4 milliards), et il y en a eu d’autres.
Pour faire un parallèle « amusant », Microsoft a racheté Minecraft, un jeu vidéo, pour… 2.5 milliards. Un jeu vidéo aurait donc quasiment la même valeur marchande qu’une entreprise leader du composant électronique depuis plus de 30 ans… On vit vraiment dans un monde étrange…
Il est difficile de savoir ce qu’il se passe actuellement dans le monde des fabricants de composants, mais il est clair que la réduction de la concurrence ne va pas dans le sens des clients, ni de l’inovation, d’autant que ce rachat de Atmel n’est visiblement que pour réduire le secteur Recherche & Développemnt tout en augmentant la rentabilité (voir page 5 du communiqué de presse de Microchip). Ce qui est sûr par contre, c’est que les milliards coûlent à flot…
Concernant Atmel / Microchip, il est encore beaucoup trop tôt pour connaitre les conséquences de ce rachat, mais une chose est sûre me concernant : si les composants et les outils de développement de ex-Atmel commencent à ressembler à ceux de Microchip, j’arrêterai d’utiliser les micro-contrôleurs PIC et AVR, et je partirai certainement sur du ARM, moins cher et nettement plus performant à tous points de vue… Ou des clones chinois de AVR, qui vont fatalement pointer le bout de leur nez. A vous de jouer, petits bonshommes travailleurs du soleil levant !!
Affaire à suivre, je vais maintenant aller brûler un cierge à la mémoire de mes ATmega…