Quand Fleur Pellerin finance le [plus grand] FabLab [fantôme] de Paris

J’en avais parlé au lendemain de l’annonce du résultat de l’Appel à Projets du gouvernement concernant le développement d’Espaces de Création Numérique en France (ou fablabs), toute cette histoire semblait bidonnée dès le départ, pour plusieurs raisons. Je vous invite à (re)lire mon article du 18 Décembre 2013 sur le sujet.
Ce matin, le site d’information reflets.info, dont le sérieux des investigations menées n’est plus à prouver, ont enquêté sur la structure usine.io de Paris, qui fait partie des lauréats de l’AAP (et gagne une enveloppe de 200 000€).

Voici leur article, des plus savoureux, que je me permets de relayer (source originale) :

Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin ont lancé un appel à projet FabLabs, fin juin 2013 intitulé  » Aide au développement des ateliers de fabrication numérique «  : une très bonne idée qui a visiblement donné des ailes à de nombreux « hackers-makers en herbe », puisque 154 dossier ont été renvoyés. Cet appel à projets a débuté le 25 juin et s’est terminé le 13 septembre 2013. 14 dossiers ont finalement été retenus et se verront verser des aides pouvant aller jusqu’à 200 000 € : ce montant devant couvrir au maximum 70% des besoins d’un FabLab. Jusque là, rien à dire.

Mais, les voies de l’aide d’Etat sont impénétrables et visiblement très particulières pour Paris et sa proche banlieue.

Si vous connaissez un tant soi peu le milieu des FabLabs, vous devez savoir qu’il existe depuis 3 ans un endroit excessivement dynamique, qui active un nombre impressionnant de projets, avec une équipe de passionnés qui se donne à fond. Ils sont à Nanterre, et se nomment l’ElectroLab.

Leur dossier n’a pas été retenu par Fleur Pellerin et ses conseillers : normal, à l’Electrolab ils font tout à la main, en mode associatif et sont juste en train de monter le plus grand FabLab d’Europe, avec des machines de plusieurs tonnes, à commandes numériques ou pas,un laser de 20 000 watts pour découper de l’acier, (et plein d’autres choses passionnantes en plus des 3D printer). Ils ont plus de 120 membres et 400 abonnés à leur mailing list. Bref, l’Electrolab mérite un article sur Reflets, ce qui surviendra sous peu. Mais ils ne méritent pas que l’Etat s’intéresse à eux. Non, vraiment pas…

Pourquoi ? Et bien…parce qu’un projet de FabLab extraordinaire, génial, (aux service payants) a été retenu en plein cœur de Paris. L’usine IO. Attention, leur site web fait rêver…ou pas, mais il est très beau. L’équipe de l’Usine IO est composé de jeunes gens formidables qui ont tout compris aux mouvements hackers, mais surtout aux opportunité que le mouvement Maker et FabLab représente, pour qui sait s’y prendre.

Ils sont une entreprise, et Benjamin est leur patron.

Ce jeune homme de 31 ans dirige aussi une startdown en informatique, Flipshot :

Et comme toutes les startdowns, Flipshot a du mal à progresser depuis sa création. D’ailleurs Flipshot n’est pas bien recommandé par societe.com :

Mais tout ça n’est pas très grave, puisque la dotation de Fleur Pellerin va grandement aider ce jeune entrepreneur et son FabLab géant qui doit ouvrir, en 2014, avec une surface de 1300 M2. Oui, bon, pour l’heure, il n’y a pas de localisation, mais on sait que ça doit être dans le centre de la capitale, et tout ça est franchement sans importance.

Le plus intéressant est de voir que la constitution de l’entreprise Usine IO date du 30 octobre 2013, soit plus d’un mois et demi après la fin de l’appel à projet. Mais pointer ce petit vice de forme est vraiment faire preuve du plus mauvais esprit. Parce que ce qui compte dans le High Tech français, c’est avant tout l’énergie, la volonté, et…des bons contacts.

Et puis quand on a comme partenaires, Alactel-Lucent et Dassault Systèmes, on ne risque pas grand chose ?

Enfin, tout dépend quand même de qui s’intéresse à votre cas…

Edit : de gentils hackers un peu fâchés me font savoir que le logo d’Usine IO est tout simplement pillé sur le site d’une grande enseigne américaine de fast-food de luxe, Liberty Burger si si : http://givemelibertyburger.com/ethos/. Comme d’ailleurs la majorité des illustrations qui proviennent de matériels de constructeurs, puisqu’Usine IO n’a aucune machine, puisque pas de locaux, pas de FabLab, mais un super site web, quand même. Et puis Agathe Fourquet est une ancienne maker/hacker émérite de chez Cap Digital, très orientée comm’… ça aide. Mais rien de tout ça ne doit nous faire imaginer que cet appel à projet est bidonné ou aiderait des petits copains. Non, non, non. Tout ça c’est bien fini, parce que le « CHANGEMENT C’EST MAINTENANT », comme dirait l’autre.

Merci à reflets.info d’être le seul media à couvrir cette affaire, qui ne fait visiblement que commencer !

A propos Captain Stouf

Spécialiste en systèmes informatiques, Développeur matériel et logiciel, Inventeur, Maker : électronique, Systems on Chip, micro-controlleurs, Internet of Things, Modélisation / Scan / Impression 3D, Imagerie...

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